Fortis, un gâchis inacceptable
Fortis, un gâchis inacceptable
Mis en ligne le 29/09/2008
Par Vincent Slits
Quel gâchis ! Pour éviter que l'incroyable, l'impensable ne devienne réalité ce lundi - la panique des épargnants et l'écroulement de la première banque du pays -, les gouvernements belge, néerlandais et luxembourgeois, les autorités de contrôle de ces trois pays et ceux qui comptent dans le secteur financier européen ont donc cherché tout le week-end une issue de secours. Tout aura été envisagé mais l'opération "il faut sauver Fortis" aurait donc débouché sur un concept inédit : une nationalisation partielle de la banque privée par les banques nationales de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg.
L'essentiel semble avoir été préservé : éviter un sinistre total de l'institution. Mais ce sauvetage complexe pose question, notamment sur le plan de sa compatibilité avec les règles européennes de la concurrence. Et une chose semble acquise : c'est la fin à terme de Fortis. En tout cas tel qu'on le connaît aujourd'hui. Car ce montage, complexe, est par définition provisoire et destiné à permettre à Fortis de survivre à la crise actuelle. Après, ce sera la perte d'indépendance, voire un démantèlement pur et simple. Des actifs seront vendus. ABN Amro est déjà promis à ING.
Au moment de cerner les responsabilités de ce désastre, on pourra évidemment pointer du doigt les dérives d'un système capitaliste totalement livré à lui-même et miné par la spéculation. Mais la déroute de Fortis est aussi et avant tout un triple échec. L'échec d'un management et d'un conseil d'administration incapables d'avoir mesuré à sa justice valeur le risque pris au moment du rachat d'ABN Amro, médiocres dans la gestion de leur communication de crise, manquant de la plus élémentaire transparence vis-à-vis du marché, coupables d'arrogance et sans réel cap stratégique pour sortir de la tempête. L'échec d'un homme aussi, Maurice Lippens, le père fondateur de Fortis et apôtre... de la bonne gouvernance, qui a fait grandir son entreprise avec audace et sagesse avant de céder à la folie des grandeurs, prisonnier de son propre ego et s'enfermant au fur et à mesure de l'aggravation de la crise dans une autosatisfaction en total décalage avec la réalité des faits. L'échec enfin d'autorités de marché qui ont trop tardé à prendre les choses en main alors que l'incendie boursière et la crise de confiance avaient déjà lézardé les fondations de la maison Fortis.
Un tel désastre ne doit pas rester sans lendemain. Des responsabilités doivent être identifiées, des leçons tirées. Non, notre pays, à l'image déjà bien ternie à l'étranger, ne méritait pas cela...
Lalibre.be
Par Vincent Slits
Quel gâchis ! Pour éviter que l'incroyable, l'impensable ne devienne réalité ce lundi - la panique des épargnants et l'écroulement de la première banque du pays -, les gouvernements belge, néerlandais et luxembourgeois, les autorités de contrôle de ces trois pays et ceux qui comptent dans le secteur financier européen ont donc cherché tout le week-end une issue de secours. Tout aura été envisagé mais l'opération "il faut sauver Fortis" aurait donc débouché sur un concept inédit : une nationalisation partielle de la banque privée par les banques nationales de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg.
L'essentiel semble avoir été préservé : éviter un sinistre total de l'institution. Mais ce sauvetage complexe pose question, notamment sur le plan de sa compatibilité avec les règles européennes de la concurrence. Et une chose semble acquise : c'est la fin à terme de Fortis. En tout cas tel qu'on le connaît aujourd'hui. Car ce montage, complexe, est par définition provisoire et destiné à permettre à Fortis de survivre à la crise actuelle. Après, ce sera la perte d'indépendance, voire un démantèlement pur et simple. Des actifs seront vendus. ABN Amro est déjà promis à ING.
Au moment de cerner les responsabilités de ce désastre, on pourra évidemment pointer du doigt les dérives d'un système capitaliste totalement livré à lui-même et miné par la spéculation. Mais la déroute de Fortis est aussi et avant tout un triple échec. L'échec d'un management et d'un conseil d'administration incapables d'avoir mesuré à sa justice valeur le risque pris au moment du rachat d'ABN Amro, médiocres dans la gestion de leur communication de crise, manquant de la plus élémentaire transparence vis-à-vis du marché, coupables d'arrogance et sans réel cap stratégique pour sortir de la tempête. L'échec d'un homme aussi, Maurice Lippens, le père fondateur de Fortis et apôtre... de la bonne gouvernance, qui a fait grandir son entreprise avec audace et sagesse avant de céder à la folie des grandeurs, prisonnier de son propre ego et s'enfermant au fur et à mesure de l'aggravation de la crise dans une autosatisfaction en total décalage avec la réalité des faits. L'échec enfin d'autorités de marché qui ont trop tardé à prendre les choses en main alors que l'incendie boursière et la crise de confiance avaient déjà lézardé les fondations de la maison Fortis.
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